La salle de la convivialité du musée national de Yaoundé a abrité le samedi 16 Mars 2024, la finale du concours national d’art oratoire baptisé « Elles parlent ».
Un concours de voix au féminin.
La salle de convivialités du musée national de Yaoundé était pleine à craquer ce samedi 16 Mars 2024. Parents, amis et connaissances sont venus encourager les 16 candidates de la finale, réparties dans les catégories minimes, juniors et seniors. Chacune des participantes, pour parler, inspirer et convaincre le jury, disposait de trois minutes maximum. Dans chaque sélection, il y avait un sujet de réflexion imposé à elles. Chez les minimes par exemple, c’est-à-dire les femmes âgées de 18 à 25 ans, il fallait, dans le cadre de la lettre à ma mère, identifier un projet social et montrer son importance dans tous les domaines de la vie active. Plusieurs critères parmi lesquels: la prestance, l’éloquence, la diction, la hiérarchisation du texte, le niveau de langue, une tenue vestimentaire correcte et bien d’autres qualités, avaient été élaborés pour départager les compétitrices. Le public de la salle des convivialités du musée national à travers un bout de papier vierge et blanc, avait l’occasion d’apprécier le passage de chacune des candidates. Les jeunes femmes d’expression anglaise, n’ont pas été mises de côté pour cette année.
En plus, la compétition a eu lieu simultanément, dans les deux grandes villes du Cameroun, à savoir: Douala et Yaoundé. Au terme de près de quatre-vingt-dix minutes de prises de paroles des différentes protagonistes, les membres du jury pouvaient donner le verdict final. Pour Manuela NKORO, deuxième prix dans la catégorie juniors et prix d’Ebène qui récompense le choix du public, c’est une très belle expérience: « C’est par l’entremise de mon amie que j’ai appris ce concours et aujourd’hui je n’arrive pas à croire que j’ai remporté deux prix. C’est une très grosse surprise pour moi. Toutes les femmes devraient faire ce concours parce qu’on se découvre et c’est une belle expérience ». Bernadette NJI, la candidate la plus âgée de cette compétition, obtient le prix de la combativité décerné par le jury. Pour cette dernière, c’est une immense joie: « C’est ma fille qui m’a inscrite à ce concours. Le premier jour, j’étais assise et je ne savais pas de quoi il s’agissait. J’ai suivi comment les autres femmes parlaient et dès lors, ça m’a intéressé ». Pour Aline ESSONO, présidente de l’association BITÕ et promotrice de cette activité, il fallait relever l’immense challenge de cette année: « Nous organisons d’habitude le concours à Yaoundé uniquement. L’année dernière, nous avons organisé le concours à Yaoundé et à N’DJAMENA. Pour cette année, nous avons tenu à organiser le concours à Douala et à Yaoundé en même temps et c’était un véritable challenge ».
L’art oratoire féminin: Briser les chaînes du silence.
Le concours national d’art oratoire baptisé « Elles parlent »est né de la volonté de cinq femmes passionnées d’art oratoire. Au début, il était réservé uniquement aux jeunes femmes issues des milieux précaires. Charlotte DOOH, Vice-présidente de l’association BITÕ, raconte: « Lorsque nous avons mis sur pied cette compétition, nous avons pensé aux jeunes filles des milieux pauvres. Nous allions chaque soir chercher ces jeunes filles dans des coins où règne l’insécurité, à l’exemple du quartier Briqueterie à Yaoundé. Plusieurs fois, nous faisions face à l’adversité farouche de leurs géniteurs pour qui, elles étaient plus utiles au commerce ambulant du retour des classes. C’est grâce au maire de cette localité qui nous a soutenu lorsqu’il a été mis au courant de cette activité ».
Ce concours, pour la Présidente de cette association, Aline ESSONO , s’inscrit dans une visée pédagogique et éthique: «Ce concours est pour nous une façon de donner la voix à la femme camerounaise. C’est la femme qui éduque et c’est elle qui est le socle de la société. Nous œuvrons à donner la parole positive à la femme ».
Pour la gagnante dans la catégorie séniors, Anne NDONDJANG,elle peut désormais, grâce à ce concours d’art oratoire, rêver grand: « Ma mère et moi avons connu un passé très difficile. A cause de cette situation, je m’étais interdite de rêver grand. Grâce à l’association BITÕ et à Dieu, je suis aujourd’hui très contente et je voudrais dire à mes enfants de ne pas se décourager et croire en eux. Dans les jours qui vont suivre, je compte intégrer cette association ».
Cette compétition n’est pas la seule activité pour les femmes de l’association BITÕ. Charlotte DOOH raconte: « Tous les deux mois, nous organisons une table-ronde sur un sujet qui concerne la gente féminine, avec le concours bénévole des professionnels de plusieurs secteurs. L’année dernière, nous avons organisé une table-ronde à l’espace culturel comptoir des arts sis au quartier Dragages, sur les agressions sexuelles. Nous avons invité des avocats, une psychoclinicienne et deux hautes personnalités des forces de l’ordre. C’était très édifiant pour nous-mêmes ».
Serge Ngouadio
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