Durant deux jours, l’association Médias, médiations et citoyenneté (MMC) penche ses réflexions sur la nouvelle technologie innovante. Elle convie à cet effet les journalistes au respect de l’éthique et de la déontologie professionnelle et à un encrage socio-culturel africain.
Du 19 au 21 décembre 2024 au Palais des Congrès de Yaoundé, se tiennent les Journées citoyennes de la presse acte 6. Il est question pour Valentin Siméon Zinga, de penser ou repenser la qualité des pratiques journalistiques à l’aune de l’Intelligence artificielle (IA). Selon le président de l’association Médias, médiations et citoyenneté (MMC) c’est à l’aune des avantages et menaces de cette nouvelle technologie que le fil conducteur des assises est : «Intelligence artificielle, médias et démocratie : enjeux, opportunités et menaces». L’IA, religion des temps modernes, de portée planétaire, compte d’innombrables adeptes et dévots, qui ne jurent que par elle au regard de son efficacité, célérité, productivité, compétitivité, en revanche, il y a ceux qui la craignent. « Le moins que l’on puisse dire le journalisme n’échappe pas à cette ligne de clivage », explique Valentin Siméon Zinga. Les promesses de l’IA nourrissent à la fois l’espoir et les craintes au sein du monde des médias. « Son impact sur les pratiques journalistiques, la collecte d’information, les processus de rédaction comme ceux de diffusion est de plus en plus évident », déclare le président de l’association, Médias, médiations, et citoyenneté. Le Secrétaire général au ministère de la Communication et représentant du ministre de la Communication Pr Félix Zogo, dans la même veine ne cache pas ses inquiétudes, au regard du calendrier électoral à venir, notamment de l’élection présidentielle 2025 au Cameroun, et les élections législative et municipale de 2026. Pour sa part, l’usage abusif de l’IA est source de désinformation, de fraudes, de propagande, toute chose qui peut conduire à une radicalisation et des contestations des candidats et déboucher plus tard au conflit et porter un sérieux coup à la démocratie. C’est ce qui justifie son appel à l’usage de l’IA dans le respect de l’éthique et la déontologie professionnelle du journalisme. « L’IA est une invention ou innovation technologique mais qui de par les appropriations qu’on en fait peut autant apporter des avantages , que des dangers , pour les métiers de la presse , les médias en général c’est une aubaine en ce que par le phénomène de l’automation, la productivité et l’attractivité des médias peut augmenter , en revanche elle tue l’effort l’humain, elle substitue par les machines ,et donc il faut alerter sur la nature de l’appropriation ». « La tutelle est disponible d’accompagner, nous sommes à l’aise d’être aux côtés de l’association MMC qui poursuit les objectifs d’utilité publique », poursuit le représentant du ministre de la Communication.
Encrage africain
Au cours de la leçon inaugurale, le Pr Jean-Emmanuel Pondi, au-delà de l’aspect professionnel demandé aux hommes des médias, il leur est demandé d’avoir un encrage africain. Car à la vérité l’IA, les médias et la démocratie sont liés. Il se crée dans ce contexte un complexe d’enjeux et d’opportunités. L’IA est un outil idoine pour les médias en général, mais plus particulièrement pour les médias africains et camerounais. Pour ce faire, il est « souhaitable d’assurer une production constante et abondante de programmes de stocks qui permettent aux africains de mieux comprendre la conduite des processus démocratiques dans le contexte africain, l’idéal serait d’avoir un marché intra continental où ces programmes pourraient être échangés entre les maisons de diffusion de cinq sous-régions, sans oublier la sixième région qui est la diaspora », recommande-t-il. C’est une exigence pour les professionnels des médias de faire usage de l’IA « pour diffuser le narratif africain à travers le continent d’abord, et à travers le monde», conclut le Pr Jean-Emmanuel Pondi, l’universitaire et politologue camerounais.
Olivier Mbessité
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