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Cosmétiques au romarin

Affaire Fridolin Ambongo KINSHASA VEUT FAIRE TAIRE LE CARDINAL QUI DERANGE

Dernière mise à jour : 1 mai

Dans la nuit de samedi 27 à dimanche 28 avril, le Procureur Général près la Cour de Cassation de la République Démocratique du Congo, a ordonné l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre du Cardinal Fridolin Ambongo Besungu, Archevêque Métropolitain de Kinshasa.



Le procureur reproche au Cardinal, de « violenter délibérément les consciences et sembler trouver un plaisir à travers les faux bruits et autres incitations des populations à la révolte contre les institutions établies et attentats contre les vies humaines ». Il précise en effet, dans une notification transmise à l’un de ses subalternes dont il charge de l’enquête : "depuis belle lurette, il s'observe dans les comportements de Monseigneur Fridolin AMBONGO, Archevêque Catholique Métropolitain de l'Archidiocèse de Kinshasa, au moment où le pays fait face à la guerre dans sa partie orientale, une constance des propos séditieux tenus lors des points de presse, interviews et autres sermons, de nature à décourager les militaires des forces armées de la République, qui combattent au front, mais aussi incitatifs à la maltraitance par les rebelles et autres envahisseurs des populations locales déjà meurtries par autant d'années de déstabilisation ». Globalement, il est reproché au Cardinal, de ne pas avoir sa langue dans la poche, lorsqu’il s’agit de porter critique au régime du Président Félix Tshisekedi. De fait, avant que le Procureur Général près la Cour de Cassation de la République du Congo n’intervienne pour demander l’ouverture d’une enquête contre l’homme de Dieu, le porte-parole du gouvernement de la République Démocratique du Congo, Patrick Muyaya, était déjà monté au créneau le 3 avril dernier, pour demander à ce dernier, de s’expliquer sur ses propos tenus lors de la messe pascale. Au cours de cette messe en effet, le Cardinal avait déclaré :



« Nous constatons que notre pays est aujourd'hui placé dans un état comateux, nous constatons que ceux qui viennent de l'extérieur, peuvent se permettre de jouer avec la nation congolaise, parce que la cause principale de notre malheur, la cause première de manque de paix dans notre pays, ce ne sont pas les gens de l'extérieur, ce ne sont pas les étrangers, ce n'est pas le méchant Rwanda c'est d'abord nous les Congolais. Notre irresponsabilité a fait que nous posons aujourd'hui des gestes qui ne permettent pas l'éclosion de la paix dans notre pays ». Cette déclaration faisait sans doute suite à la désertion des cadres du parti de Monsieur Kabila, ex-président de la République du Congo, pour rejoindre une rébellion qui fait des ravages dans l’Est du pays, dénommée le M23, que l’on dit proche du Rwanda. Cette rébellion a entre autres ambitions, de conquérir le régime de Kinshasa par les armes.

Il faut préciser que la République Démocratique du Congo vit dans sa partie Est, une déstabilisation quasi permanente. Ici, plusieurs forces en présence jouent leurs partitions, souvent avec la bénédiction des pays voisins, la finalité étant l’exploitation des richesses minières dont regorge cette partie du pays. Ainsi y trouve-t-on le M23 soutenu par le Rwanda. Les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé formé en République Démocratique du Congo (RDC) en 2000. Ils défendent les intérêts des Hutus rwandais réfugiés en RDC, depuis le génocide de 1990. Ils sont opposés au pouvoir de Paul Kagame, actuel Président du Rwanda. On soupçonne les FDLR de compter parmi ses militants et cadres, de nombreux génocidaires, ayant fui l’avancée du Front Patriotique Rwandais, (FPR) contrôlé par Paul Kagamé, lors du génocide rwandais de 1990 et la prise du pouvoir par le FPR.


« La RDC n’a pas d’armée…. »


On trouve également à l’Est du Congo, les troupes du Rassemblement Congolais pour la Démocratie RCD Goma. Il en est de même des hommes armés du Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba. Il y existe aujourd’hui encore, des vestiges de forces issues des éléments militaires sous l'obédience du Général Laurent Nkunda qui, pendant très longtemps, occupa le Nord-Kivu. En sus de ces forces, l’on note la présence des ADF (Forces Démocratiques Alliées), un groupe armé d’origine ougandaise, affilié à l’organisation Etat islamique. Les ADF sont implantés depuis le milieu des années 1990 dans l’Est de la RDC. Dans cette région, ils se sont donnés à de multiples exactions, et ont tué des milliers de civils. A la fin de 2021, les armées ougandaise et congolaise ont lancé contre eux une opération militaire conjointe, baptisée « Shujaa », sans parvenir jusqu’à présent à faire cesser les hostilités.

Face aux exactions des groupes armés disparates disséminés à travers le Nord Kivu, le Sud Kivu, la Région de Béni etc. Un groupe de miliciens dénommé les Wazalendo, qui signifie littéralement "patriotes" en Kiswahili, majoritairement originaires de différentes milices locales, se positionne aujourd’hui aux côtés des Forces Armées de la RDC (FARDC). Ils font ainsi face au M 23, un mouvement armé soutenu par le Rwanda. A côté de ces groupes armées, il existe des forces régionales envoyées par les Etats, en vue de porter une main secourable au peuple congolais, telles celles de la SAMIDRC, la force de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), les casques bleus de la MONUSCO, récemment chassés du pays à cause de leur inefficacité face aux exactions des rebelles.


Un terreau fertile à toutes les immixtions


A côté de ces groupes armés et milices, des forces étatiques etc. Il convient de reconnaître également la présence de mercenaires. Une telle accumulation de forces crées des guerres de positionnement sur le terrain, de même que l’intensification des luttes d’influence pour l’occupation des territoires que l’on sait riche en or, en diamants, en lithium, en Coltrane, en uranium etc. Il en est de même des querelles de leadership qui a pour conséquence d’accroitre les shiismes.

Cet envahissement du pays par les forces étrangères attriste le Cardinal qui a révélé à la face des autorités politiques et donc celles en charge de la sécurité, la vérité qui fâche. En effet, lors de la fameuse messe pascale, l’Archevêque Métropolitain de Kinshasa a déclaré avec amertume que : « La justice est la première instance à bafouer les droits de simples citoyens et nous tenons ici des discours comme si nous étions forts. La réalité est que le Congo n’a pas d’armée ».

 

C’est pour avoir déversé sur la place publique ces vérités pourtant essentielles à la reconstruction du pays que le Cardinal Fridolin Ambongo est aujourd’hui contraint de faire face aux autorités judiciaires du pays. S’il venait effectivement à être entendu par les autorités judiciaires de la République Démocratique du Congo, il s’agirait d’une première dans ce pays. Il faut du reste souligner qu’en RDC tous les dirigeants successifs y compris Mubutu Sessé Séko, ont toujours eu mailles à partir avec les critiques de l’Eglise Catholique, mais n’ont jamais songé à franchir le Rubicon, à savoir criminaliser les propos d’un prélat.

 

Il faut toutefois souligner que l’Eglise Catholique au Congo est une puissante machine riche de son potentiel humain et social et que sa prestance a toujours façonné d’une manière ou d’une autre le pouvoir politique. C’est dire que l’épisode actuelle de l’instrumentalisation de la justice contre le Cardinal Fridolin Ambongo, apparait, ni plus ni moins, comme une manœuvre d’intimidation.

 

TIENTCHEU KAMENI Maurice

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