Après les augmentations des prix du carburant du mois de février 2023, les index des compteurs à la pompe se sont de nouveaux affolés. Ainsi, un an jour pour jour après les dernières augmentations, les prix sont de nouveaux repartis à la hausse. Le super est passé de 730 FCFA à 840 FCFA, soit une augmentation de 110 FCFA. Le gasoil passe de 720 FCFA à 828 FCFA, soit une augmentation de 108 FCFA. De manière générale, l’on note une augmentation des prix du carburant à la pompe de 15% en valeur relative. Le carburant qui, dans notre pays, devrait être considéré comme un don de Dieu, parce que coulant sous notre sol, est désormais synonyme de coupe-gorge pour les populations.
Ces dernières vivent comme si le pays était un importateur net de cette denrée, devenue vitale pour tous les citoyens, y compris ceux vivant dans les coins et recoins les plus reculés. Le pétrole lampant n’a certes pas connu de hausse cette fois-ci, mais son coût demeure prohibitif pour l’écrasante majorité des ménages de l’arrière-pays, au pouvoir d’achat quasi insignifiant.
Le Cameroun apparaît alors comme une curiosité. Un pays producteur de pétrole devient du jour au lendemain, un importateur net des dérivés dudit pétrole. Tout se passe comme si le pays n’était constitué que de masochistes, tant l’absurdité d’une telle situation est proverbiale. Il ne suffit que de s’imaginer que le Cameroun disposait alors naguère d’une raffinerie : la SONARA qui, à ce qu’il paraît, vendait alors une bonne partie du pétrole raffiné à l’étranger. Dans le même temps, desservie par cette même SONARA, la consommation intérieure fut toujours déficitaire. L’on décida alors, contre toute logique, de procéder aux importations. Les agréments pour se faire, se partagèrent entre copains, coquins, sur le dos du contribuable alors saigné à blanc. Les maigres ressources du trésor public passaient à la trappe de quelques privilégiés triés sur le volet. De telles manigances, il faut bien le dire, se déroulaient au détriment du bien-être et de la prospérité du grand nombre.
Dans ce contexte, l’incendie de la SONARA survenu le 31 mai 2019, est tombé comme une aubaine pour ces adeptes du pillage en rond. Désormais, ce n’est plus une infime partie, mais la quasi-totalité des besoins internes qu’il faudra importer, au grand bonheur des habitués du pillage. Ces derniers ont dès lors cartes blanches pour prendre les populations captives.
Afin d’augmenter mécaniquement les prix, ils sont ainsi parvenus à s’entendre pour créer des pénuries artificielles, question de démonter aux yeux de l’opinion publique, la vitalité de ce précieux liquide. De fait, pendant lesdites « pénuries », des luttes, des heurts et diverses bravades, ont été répertoriés dans plusieurs stations-services du pays. Des contingentements, des arraisonnements, des confiscations de stocks et diverses vexations, eurent cours sur le dos du peuple. Des nantissements, des précomptes sur consommation, des mobilisations avancées de camions entiers, ont fait les choux gras de quelques particuliers suffisamment hauts placés pour se faire obéir.
Devant un tel inconfort, et aidé en cela par un matraquage médiatique de haut vol, les pouvoirs publics ont ainsi pu obtenir la résignation des populations. De fait, l’enjeu du carburant a ainsi été transformé en un enjeu national, voire international, le gouvernement se mettant régulièrement en quatre pour affirmer urbu et orbi que la hausse des prix du carburant est une exigence du Fonds Monétaire International (FMI).
Aussi, les insanités d’une mal gouvernance depuis des lustres dans ce secteur, sont payés par les populations et d’abord les plus pauvres, qui devront désormais mettre la main jusqu’au fin fond de la poche afin d’assurer le tarif d’un transport urbain et interurbain exorbitant, de même que pour faire face à la vie quotidienne devenue de plus en plus insupportable pour l’immense majorité des Camerounais.
TIENTCHEU KAMENI Maurice
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