top of page
Cosmétiques au romarin

Elections présidentielles au Tchad : Une victoire entachée de sang



Le lundi 6 mai 2024 s’est tenue au Tchad, l’élection présidentielle. Celle-ci avait pour but de mettre fin à la transition dans laquelle s’est retrouvée le pays à la suite de la mort le 20 avril 2021, dans le Nord, du Maréchal Idriss Deby Itno. Le 8 mai dernier, soit trois jours seulement après la fin du scrutin, à la surprise générale, l’Agence Nationale de Gestion des Elections (ANGE) publie les résultats définitifs des élections. Avec 61,03 % des voix, Mahamat Idriss Deby Itno est déclaré vainqueur dès le premier tour. S’ensuit alors à travers tout le pays, des fusillades. L’on parle des « tirs de joie », alors que tout semble indiquer qu’il s’agit des actes d’intimidations contre des sympathisants de l’opposition. A ce triste jeu, plus de 20 personnes ont perdu la vie, cependant qu’on dénote des centaines de blessés.

 

Depuis la mort d’Idriss Deby Itno le 20 avril 2021, le Tchad a vécu sous une transition marquée par des faits troublants et souvent violents. Alors que la Constitution tchadienne disposait qu’en cas d’indisponibilité du Président ou de son décès, ce dernier serait remplacé par le Président de l’Assemblée Nationale, l’on a plutôt vu surgir sur la scène politique, un Comité Militaire de Transition (CMT).

Le CMT s’est arrogé tous les pouvoirs, cependant qu’il a propulsé à la tête du pays, Mahamat Idriss Deby Itno alias MIDI, fils du défunt président. Le 20 octobre 2022, alors que le pays était parcouru de manifestations pour demander aux militaires de mettre fin comme promis à la transition et de regagner leurs casernes, le pays a plutôt eu droit à un carnage. Des personnes sorties manifester à l’appel de la société civile et de l’opposition, furent massacrées. Les chiffres divergent selon leurs sources. La société civile tchadienne parle d’au moins 300 morts, cependant que les officiels font état de 75 personnes tuées, essentiellement par balles. L’armée avait pris soin de quadriller le pays, envahissant du même coup les rues de la capitale, et de nombreuses villes de l’intérieur, tuant et blessant sans retenue, des manifestants aux mains nues. Ces faits dénotaient, à n’en plus douter, de la volonté de la junte à se maintenir au pouvoir par tous les moyens, y compris par la force des armes.

Le 28 février dernier, l’opposant Yaya Djilo, cousin de Mahamat Deby et chef du Parti Socialiste sans Frontières (PSF), est tué ainsi que nombre de ses partisans, dans les locaux de son parti. On lui reproche d’avoir attaqué les bâtiments de l’Agence Nationale de Sécurité.  Ces faits et plusieurs autres, dénotaient déjà de la farouche volonté de Mahamat Idriss Deby Itno, de se succéder à lui-même à l’issue de la transition, voire de confisquer le pouvoir.

Le processus électoral marqué par des faits de violences, témoigne de la volonté du pouvoir en place à Ndjamena, de perdurer par-delà les remous et les turpitudes, au travers des violences de toutes sortes. Les élections marquées par la précipitation de l’annonce des résultats dans un pays aussi grand que le Tchad (seulement trois jours après le scrutin)apparaissent dès lors comme un simulacre. Il faut signaler que le Tchad, pays de 1,284 million km², est doté de 23 provinces et 107 départements. Au cours du dernier scrutin, 8 202 207 (huit millions deux cent deux mille deux cent sept), électeurs ont pris part au scrutin, dans plus de 20 000 bureaux de vote.

C’est dire que pour l’un des pays les plus pauvres du globe, la proclamation des résultats devrait être un processus qui prennedu temps. Les autorités de l’ANGE (Agence Nationale de Gestion des Elections) elles-mêmes estimaient que le décompte des voix prendrait au moins deux semaines.

Mais voilà que 3 jours plus tard, Mahamat Idriss Deby Itno est annoncé vainqueur, par cette même Agence. Une telle annonce prend de cours les démocrates tchadiens, qui croyaient en avoir fini avec des dynasties politiques maculées de sang et des longévités anachroniques. Des régimes qui tirent leur légitimité des gestions filiales moyenâgeuses, qui font peu cas du bien-être des populations.


TIENTCHEU KAMENI Maurice

6 vues0 commentaire

Commentaires


bottom of page