L’élection présidentielle de 2025, c’est demain. Alors que certains s’ébrouent tranquillement vers la continuité du pouvoir, développant au jour le jour des stratégies de plus en plus raffinées pour sa consolidation, d’autres passent le temps à lorgner vers des élucubrations hirsutes sur la santé de Monsieur Paul Biya. Or, avec ou sans lui, le peuple camerounais devrait avancer, en essayant autant que faire se peut, de converger vers le grand défi qui nous attend tous, celui du développement.
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La tâche est d’autant plus immense et les enjeux trop nombreux, pour arc-bouter le destin collectif de tout un peuple, sur le sort d’un seul homme, fusse-t-il en fin de carrière. Il faut par ailleurs relever pour le signaler, que la décence voudrait qu’en ces circonstances difficiles, l’on fasse preuve de retenue et d’empathie, pour celui-là même qui, quoi que l’on dise, a été à la tête du Cameroun, et l’a marqué à sa manière, de fond en comble.
Au lieu de pinailler sur le destin d’un seul homme, fusse-t-il d’une certaine importance, l’opposition, devrait se souvenir du peuple et savoir être à la hauteur du désir de changement qui taraude les entrailles des populations, afin de faire naître un ordre nouveau, contributif de paix et de bonheur pour tous. Pour y parvenir, tous les acteurs politiques devraient se mettre à l’unisson, ne jurant que par l’unité, afin de faire jouer une solide partition au processus électoral, à travers un scrutin présidentiel propre, égalitaire, consensuel, susceptible de produire des résultats tangibles escomptés pour le peuple en détresse. Un processus surveillé, supervisé autant que faire se peut, par des forces patriotiques de tous bords, et notamment celles de l’opposition, désireuses d’apporter un élan nouveau à la reconstruction de notre pays, dans un essor de probité, de solidarité et un désir irrépressible de progrès.
Pour se faire, il va falloir se draper dans une réelle volonté de sortir de la formolisation dans laquelle vit actuellement le peuple. Un peuple asphyxié par des années d’immobilisme, où le temps a suspendu son envol, renfermant les populationsdans une espèce d’arriération des tranches de vie, plus semblables dans notre pays, à ceux du Nilotique que véritablement des temps modernes. Un peuple désabusé par divers crimes économiques largement restés impunis, et qui continuent aujourd’hui encore, de plomber le développement, du fait d’énormes préjudices subis, tant du point de vue moral, économique, social, culturel qu’environnemental. Un peuple qui toujours ploie sous le joug de la misère et de la pauvreté pour le plus grand nombre.
On eût pu croire que face à une telle situation d’urgence, les hommes politiques dits de l’opposition, mettraient en sourdine leurs égos surdimensionnés, pour se pencher sur les voies et moyens à faire valoir, pour parvenir à un réel changement, en mettant en avant une candidature unique de l’opposition. Que nenni !!! Les vieux démons de la recherche de la gloriole personnelle persistent. Ceux-ci mettent en danger de véritables espoirs et menacent les seules vraies opportunités qui s’offrent au peuple pour pouvoir enfin se libérer définitivement des scories de l’Histoire. Les vieilles querelles refont surface, mettant à mal l’épilogue du changement, dans une atmosphèreplus concurrentielle que jamais, dans le camp même de l’opposition. Il faut dire que dans cette mare aux crocodiles, le camp d’en face ne se laisse pas conter. Manœuvrant dans l’ombre en promouvant à tour de bras des partis politiques fantoches, ils essaient de faire de l’ombre et s’appuieront comme en 2018, sur des coalitions de partis politiques tout aussi vaseuses qu’inexistantes sur le terrain. Des partis fantômes, en réalité utopiques, irréels sur l’échiquier politique. Des partis administratifs, qui n’ont de réalité que celle d’un Ministre en charge, rompu dans l’art du tripatouillage.
Comme toujours et ce depuis fort longtemps, les manifestations de l’opposition se trouvent muselées, des réunions interdites, cependant que des hommes de l’ombre tentent subrepticement des manœuvres d’approches et de sabordages de toute idée d’unité. Mais dans la fournaise incandescente qui s’annonce, le peuple ne devrait pas être dupe. Habitué aux joutes électorales et à des subterfuges mis en place depuis les indépendances, il devrait être plus avisé. Il faut dire que le parti au pouvoir, est une organisation de vielle souche, rompue aux combats, y compris des plus inextricables. De fait, au RDPC, a précédé l’UNC, qui lui-même était issu de l’UC. Toutes ces appellations désignent en réalité une seule et même entité. Celle-ci se renouvelle certes, mais garde son ADN ontologique initial, qui est celui de l’éternisation au pouvoir. C’est dire que le peuple devrait redoubler de vigilance, s’il veut mettre fin à plus de soixante années d’une histoire fait de reniements, de renonciations, de truanderie politique, de torpilles à grande échelle, de tout acte avant-gardiste pour le progrès et la paix sociale. Dans ces circonstances, il va sans dire que les hommes aux affaires ne sauraient du jour au lendemain, changer leurs méthodes iniques, pour recouvrer une subite sainteté politique.
C’est dire si le peuple doit se tenir à quiet, et porter en lui-même, la responsabilité de son avenir politique, lors des prochaines échéances électorales. Pour se faire, les leaders de l’opposition devraient faire taire leur égo et se mettre au service d’une seule cause, celle du changement. Les populations devraient apprendre à se tenir à distance des prébendes électorales sans lendemain. Une telle attitude consiste à ne plus mettre en péril l’avenir de toute une nation pour quelques grains de riz. Les jeunes qui sont les plus à plaindre dans la gestion léguée par le régime actuel, devraient refuser de se faire embarquer dans des charters de fraudes électorales pour quelques billets de banque.
Nous pensons que loin d’être maudit, le Cameroun est un pays fier et digne, qui saura rattraper tôt ou tard le train de l’Histoire, et qui n’attend que le déclic nécessaire pour refaire son plein de vitalité. L’élection présidentielle qui s’approche, peut à cet égard, constituer un véritable électro-choc.
Maurice TIENTCHEU KAMENI
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