Samuel Eto’o Fils désormais hors-jeu ?
Qui ne se souvient de cette coupe d’Afrique des Nations, organisée au Cameroun en janvier 2022 où, la cérémonie d’ouverture officielle, avait été marquée par un couac de taille, avec un Samuel Eto’o fils, chassé de la loge présidentielle ? Il fut traité presque comme un mal propre. Il avait été obligé de se recroqueviller quelque part, sur un site peu confortable, bien loin des fastes et des VIP.
Qui ne se souvient pas alors de son regard hagard, perdu, alors même que normalement, d’après les usages protocolaires, ildevrait être assis non loin du Président de la République et presqu’à la droite de ce dernier, afin de magnifier et de reconnaître le rôle du Président de la Fécafoot dans la célébration de cette fête fastueuse du ballon rond qu’est la Coupe d’Afrique des Nations ? On prêtait alors à Samuel Eto’o Fils, d’avoir supplié son invité d’honneur, le musicien conglais Fally Ipupa, à ne pas faire scander par la foule « Eto’o Président !!!Eto’o Président !!! », ce qu’il fait habituellement pour honorer son ami, dans ses chansons à succès. De fait, tout fut mis en œuvre pour maintenir, ce jour-là, le Pichichi sous le joug d’un vulgaire individu qui, pour les officiels du régime, devrait passer presque incognito sur les écrans de télévision. Il ne lui restait alors que de demeurerdans l’ombre, le temps de la cérémonie, le véritable Président étant lui-même de la fête.
Il fut susurré que la popularité de Samuel Eto’o fils, était devenue gênante jusqu’au sommet de l’Etat. Il aurait alors étédécidé de le mettre sous l’éteignoir, afin que ce dernier comprenne que les affaires de l’Etat demeuraient les affaires de l’Etat et ceux du football le demeuraient au Football. Bien plus, dans notre pays, le politique domine tout. Tout remonte à la Présidence de la République. Tout s’y décide et repart de la Présidence, pour innerver le quotidien des Camerounais, parfois sous la forme de « très hautes instructions du chef de l’Etat ».
C’est du reste ce que vit aujourd’hui, à son corps défendant, Samuel Eto’o Fils, qui ne se savait pas dans le collimateur d’Etoudi et donc « des très hautes instructions ». Le Pichichi l’apprend à ses dépens, lui que l’on soupçonnait sous cape,d’avoir des ambitions présidentielles, à la Georges Weah du Libéria.
Désormais, il sait à quoi s’en tenir. A quelques 18 mois des élections présidentielles, le voilà obligé de se morfondre dans un conflit à rebondissements, où les feuilletons devront maintenir en haleine l’opinion, pour au moins une année, sinon plus. Un tel conflit, qui écornera davantage son image et celui de sa fédération, ne lui sera pas favorable. Il ternira pour longtemps son bilan, ainsi que celui de l’institution dont il a l’insigne honneur de diriger.
Il portera un sérieux coup à sa popularité. Le fait pour le Ministre des Sports et de L’Education Physique, de nommerconcomitamment tous ceux qui ont eu mailles à partir par le passé avec Samuel Eto’o, dans le staff des Lions Indomptables, ne relève pas du hasard. Comment comprendre qu’Eto’o Fils soit obligé aujourd’hui de composer avec un certain Benjamin Banlock nommé par le MINESEP coordonnateur des équipes nationales du Cameroun…Banlock qu’Eto’o Fils avait poussé vers la porte de sortie sitôt élu à la Présidence de la Fécafoot ?
Comment comprendre la nomination en tant qu’entraineur adjoint, de Monsieur François Omam Biyick, avec qui Eto’o a eu par le passé, quelques anicroches et qui était déjà l’adjoint de Toni Conceiçao, l’ancien entraineur des Lions Indomptables, lui même limogé par Samuel Eto’o. Conceiçaoa finalement eu gain de cause auprès du Tribunal Arbitral du Sport (TAS). Il s’est tiré de cette affaire contre la Fécafoot,avec une amende record à payer par le Cameroun, soit près de 1,6 million d’euros (plus d’un milliard de FCFA) pour rupture abusive de contrat. Que dire alors du retour de William Ngatchou Djomo, dans le staff médical des Lions Indomptables, lui qui fut banni en même temps que toute l’équipe de Toni Conceiçao ?
Quoiqu’il en soit, Samuel Eto’o Fils ne se contentera pas de boire le calice jusqu’à la lie. Il ne cessera jamais de monter au créneau pour clamer haut et fort qu’il est bien le patron du football camerounais et que c’est bien lui qui doit prendre les décisions. Mais tapi dans l’ombre, Mouelle Kombi et toute la nomenklatura du sport, trouveront toujours l’occasion de le battre par des pirouettes bien senties, comme le feraient deux lutteurs malicieux. L’un a le droit et une bonne partie du peuple avec lui, l’autre dispose de roublardises de politicien de haut vol, et des moyens de l’Etat.
La pauvre Eto’o fils devra donc prendre à chaque fois le peuple à témoins, pour se justifier face à ce qui pourrait apparaitre comme des bourdes du Ministre, mais aussi, face à ses propres turpitudes. Il sera dès lors obligé d’entrer dans unespirale communicationnelle excessive, qui ne pourra que nuireà son image, et ternir la contexture d’homme de consensus qu’il devra se donner, s’il veut un jour briguer la magistrature suprême du Pays.
C’est dire que pour 2025, ses prétentions sont déjà mort-nées, diluées dans cette boule puante et putride, lancée entre ses jambes, par un Mouelle Kombi, qui, en matière de pirouettes,d’esbrouffes et de grenouillages, n’est pas né de la dernière pluie. Ainsi se referme la partie, pour celui qui croyait qu’il pourrait être Khalife à la place du Khalife.
TIENTCHEU KAMENI Maurice
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