La crise entre la France, le Burkina Faso et le Niger, rentre dans une phase de dramatisation.
D’un côté les populations ne cessent de manifester à Niamey devant le site où stationnent 1500 soldats français. De l’autre, des mesures de rétorsion sont prises par les autorités françaises, pour essayer de donner le change, dans un contexte où la CEDEAO peine à déployer ses troupes comme exigé par Paris. |
Dans un geste de dépit, et comme mesure de rétorsion, les Directions Régionales des Affaires Culturelles (DRAC), ont demandé le14 septembre dernier, sur instruction du Ministère Français des Affaires Etrangères, l’arrêt immédiat de tout projet de coopération culturelle avec les ressortissants du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Paris explique cette attitude par la fermeture de ses consulats dans ces trois pays. En réalité, malgré cette fermeture, les artistes continuaient cependant de bénéficier des visas d’entrée en France, y compris à travers leurs ambassades et celles d’autres pays de l’Union Européenne, installées au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Cette dernière possibilité vient de leur être fermé par les nouvelles instructions issues des autorités françaises.
Une telle mesure met à mal des dizaines de milliers de spectacles, qui avaient déjà été programmées et dont les prémices concernant les préparatifs, avaient déjà commencé. Des centaines d’autres spectacles, envisagés dans un futur proche ou lointain, sont par ailleurs menacés, pour ne pas dire définitivement compromis. Elle déstructure un relationnel que le monde artistique s’était évertué à mettre en place, depuis des lustres Elle remet surtout au goût du jour, la nécessité de sortir de la trappe des rapports inégaux, à travers, dans un premier temps, la diversification des partenariats culturels et dans un second temps, l’internalisation au sein de l’Afrique elle-même, de la production artistique et de l’organisation de divers spectacles, susceptibles de faire découvrir aux autres peuples d’Afrique, la diversité culturelle du continent.
LES ETUDIANTS DANS L’ETAU DES MESURES RESTRICTIVES
Le flot des mesures dirimantes mises en œuvre par les autorités françaises ne concerne pas uniquement les artistes. Les étudiants sont également visés par les mesures des autorités françaises. De fait, au-delà des artistes, la mesure s’applique également aux étudiants. Elle vise six mille sept cent (6700) d’entre eux, issus du Mali, du Niger et du Burkina Faso, actuellement inscrits dans les établissements d'enseignement supérieur en France. Certes les autorités françaises affirment que la mesure n’est qu’une « suspension » et ne concerne que des étudiants désireux d’obtenir de nouveaux visas. L’on peut toutefois imaginer que tous ces apprenants et autres stagiaires, ne vivent pas sur le sol français et qu’au moment de la prise de cette mesure, la plupart ne sont pas encore rentrés en France. Certains ont dû prendre des vacances dans leur pays d’origine et de fait, ne pourront plus retourner dans l’Hexagone.
Des programmes de recherche scientifique sont ainsi compromis. La mobilité en milieu universitaire, remise en cause. L’excellence de la coopération pour le développement dont se vantent souvent les autorités françaises vis-à-vis des pays africains, sérieusement amochée.
Face à l’iniquité et à la gravité d’une telle situation, Paris maintien un double langage.
Le président français Emmanuel Macron a affirmé, ce vendredi 15 septembre : "lorsqu'on dit qu'il n'y aura pas de visa ou qu'on annule tous les événements qui seraient faits en France avec tous les artistes venant du Burkina Faso, du Mali ou du Niger: c'est faux, ça ne se passera pas". Sur le terrain cependant, la réalité est toute autre. |
La nature ayant horreur du vide, la diversification de la coopération avec plusieurs acteurs sur l’échiquier international, constitue le meilleur garant susceptible d’éviter les sautes humeurs qui peuvent naître du relationnel déséquilibré entre visée dominatrice et volonté d’appropriation de soi-même et de maîtrise de son propre destin.
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