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Cosmétiques au romarin

‹‹ Il n'y a pas de raison qu'on puisse connaître une année blanche au Cameroun, le centre  a été mis sur pied pour améliorer la résilience du secteur des enseignements secondaires ››

Jean Pierre Adjaba Biwoli, Coordonnateur du Centre d'Education à Distance a reçu l'équipe du journal Panafricain l'Afrique En Éveil il y a quelques jours à Yaoundé. Avec lui nous avons évoqué plusieurs points notamment les missions du Centre d'Education à Distance mis sur pied par le gouvernement pour pallier le déficit d'enseignants dans les zones sinistrées.

 

Afrique En Eveil : En quoi consiste les activités du Centre d'Education à Distance ?

 

Jean Pierre Adjaba Biwoli : Avant de répondre à cette question il est important de rappeler les motivations qui ont conduit à la création de ce centre.  Ce centre est mis en place pour améliorer la résilience du sous secteur des enseignements secondaires et également pour contribuer à son amélioration. C'est-à-dire améliorer sa capacité à résister aux chocs et aux crises comme on en a eu lors de la Covid-19 comme on en a quelques fois lors des intempéries, comme c'est le cas à l'extrême nord et dans le NOSO. En effet, c'est un slogan qui est très important pour le ministre des enseignements secondaires, le Pr Nalova Lyonga, à savoir « Education Can not wait ». Ça veut dire qu'il n'y a pas de raison qu'on puisse connaître une année blanche malgré les crises. Ce centre a donc été mis en place pour pouvoir produire les ressources qui permettraient aux enfants de continuer à réaliser les apprentissages inscrits dans les programmes officiels, quelles que soient les circonstances. C'est pour cela qu'au niveau de ce centre, nous produisons des cours en format vidéo conformes à nos programmes et conformes à nos progressions. Ces cours sont mis en ligne sur les plateformes.

 

AEE : Depuis combien d'années existe t-il et quelles sont les modalités d'accès ?

 

JPAB : Depuis 2020, avec la pandémie de la Covid. Comme je l'ai si bien dit, le centre a été mis en place justement à la suite de cette pandémie, dans la perspective de pouvoir mettre en place un dispositif qui nous permettrait les années à venir, quelles que soient les crises, de pouvoir réagir et permettre la continuité des apprentissages. Les cours sont gratuits. Il suffit de cliquer sur les différents liens. Je profite de votre plateforme pour passer ce message à nos jeunes apprenants qu'il y a des cours conformes à leurs programmes dont l'accès est libre. Il suffit de cliquer sur le lien minesec-distancelearning.cm, ou d'aller au niveau de notre chaîne YouTube choisir le sous-système et exploiter les cours gracieusement mis à leur disposition.  C'est toujours important d'avoir un premier contact avec ce qui va faire l'objet d'un enseignement. En classe, ils peuvent le faire après le cours. Lorsque certaines notions n'ont pas été bien comprises, ils ont vraiment à leur disposition des cours dans un format qu'ils aiment bien, le format vidéo. Il faudrait qu'ils en tirent profit. Les enseignants également sont concernés pour préparer leurs leçons. Ils peuvent également utiliser ces cours ou des parties de ces cours en classe. On appelle ça le présentiel enrichi par la technologie. C'est tout à fait normal de pouvoir le faire. Et il faudrait qu'il sache qu'il est établi aujourd'hui que l'usage du numérique en classe ou dans l'enseignement améliore la qualité des apprentissages. Par exemple au lieu d'avoir à décrire aux enfants un battement cardiaque. Lorsqu'on leur présente une animation d'un tel battement, ils ont une meilleure compréhension du battement cardiaque si ça avait fait l'objet d'une simple description. On appelle ça la charge essentielle relative à chaque notion dont utiliser le numérique est avérée. Quand c'est fait de la bonne manière cela améliore la qualité des apprentissages et donne des résultats. C'est donc une incitation que nous lançons à tous nos enseignants pour qu'ils pensent à utiliser toutes ces ressources mises à leur disposition une fois de plus lors des sessions d'enseignement, d'apprentissage ou d'évaluation.

 

 

AEE : Quels sont les  critères de sélection des formateurs et comment évaluez-vous  l’assiduité des apprenants aux différents cours ?

 

JPAB : La sélection des enseignants est faite par les inspections de pédagogie et non pas le centre d'éducation à distance. Il y en a neuf au ministère. L’inspection science, l'inspection langue art et littérature, l'inspection bilingue et autres. Parmi les inspections, chacune d'elles connaît ses meilleurs enseignants. Parce qu'à ce niveau, Mᵐᵉ le ministre est strict. Il s'agit de sélectionner les meilleurs. Ce sont les inspections qui sélectionnent les formateurs du centre. Peut être une certaine croissance qui est significative. On regarde également au niveau du nombre de vues. Je voudrais préciser qu' on en a près de 4 000 000. Et quand on fait une analyse assez profonde du temps qu'ils mettent, on constate qu'ils mettent beaucoup plus de temps à regarder nos ressources. Les statistiques montrent que ces 4 000 000 d'abonnés sont constitués des visiteurs dont la tranche d'âge appartient bien au secondaire. C'est autant d'éléments et autant d'indices qui nous font croire et émettre l'hypothèse que ce qui est produit au centre d'éducation à distance intéresse de plus en plus nos apprenants. Le centre intègre uniquement les apprenants de l'enseignement secondaire (francophone et anglophone), de la sixième en terminale.

 

AEE : Comment évaluez-vous la compréhension des apprenants ?

 

JPAB : Il est important de préciser que le centre concerne les élèves du secondaire. Et le ministre n'a pas dit que parce qu'il y a le centre d'éducation à distance, les enseignements en présentiel sont arrêtés. Au contraire, l'éducation à distance vient en appui, donc les évaluations sont davantage faites au niveau des salles de classe. C'est à ce niveau-là que les enseignants peuvent apprécier ou pas. Mais nous avons des feedbacks, assez importants qui nous parviennent concernant les apprenants. Certains comprennent des notions en visionnant alors que ce n'était pas le cas quand ils sortaient de la salle de classe. Vous voyez qu'il y a des indicateurs qui attestent du fait que les productions ici intéressent et apportent une certaine amélioration dans l'apprentissage des apprenants. D'autres nous disent que grâce aux révisions organisées ici, ils ont pu obtenir leurs examens. Cette année il y avait certains enfants qui étaient présents ici quand d'autres étaient connectés. On a eu 84% de taux de réussite. C'est la preuve en réalité que ce que nous faisons ici peut contribuer à améliorer les résultats.

 

AEE : Au jour d'aujourd'hui, à combien estimez-vous vos apprenants ?

 

JAPB : Nous n'avons pas d' apprenants inscrits, il faut le préciser. Ce n'est pas parce qu'on a mis en place un centre d'éducation à distance que les enfants ne doivent plus aller en classe. Tant qu'il est possible d'aller à l'école, il faut le faire.

Nous venons en appui pour aider à ce que ce qui se fait en classe soit mieux compris.

C'est en cela que nous sommes utiles. Nous venons en appui pour le moment où la situation est normale, mais nous encourageons nos apprenants à aller en classe, à participer aux cours. Nous souhaitons qu'ils performent mieux aux examens organisés dans les établissements et même aux examens certificatifs parce qu'ils ont exploité les cours de haute facture que nous produisons et que nous mettons à leur disposition gratuitement.

 

AEE : Comment appréciez vous l'apport de ce centre dans l'accroissement des connaissances des élèves ?

 

JPAB : Je prends un exemple, sur 100 enfants qui ont pris part à nos révisions ici au centre, 84 ont eu leur examen. Nous avons tous les taux de réussite de cette année et vous comprenez que si tous les enfants du Cameroun avaient eu la possibilité de suivre les cours on n'aurait pas eu le taux d'échec que le Cameroun a connu cette année. De nombreuses études attestent que lorsqu'on intègre de façon harmonieuse et ingénieuse le numérique dans les pratiques de classe, les résultats s'améliorent. Nous voulons simplement inciter certains chefs d'établissement qui sont encore réticents et certains enseignants à prendre le train de la digitalisation de l'enseignement. Et ils verront bien comment les résultats vont s'améliorer dans leurs différentes structures.

 

AEE : Quelle estimation faites-vous de l'impact dudit centre s'agissant des examens officiels, notamment dans les régions anglophones ?

 

JPAB : Nous n'avons pas les enfants qui sont inscrits dans le centre et qui font l'objet d'un suivi. Nous sommes en appui à ce qui se passe en présentiel. C'est important de le dire parce que certains pensent que comme le centre a été mis sur pied, les enfants ne vont plus aller à l'école. Nous n'avons pas d'enfants inscrits aux cours à distance pour qu'on puisse vous dire que 100 élèves ont participé à un examen et que 50 ont réussi, en apportant un appui à ce qui se passe en présentiel.  Les seuls indicateurs que nous pouvons utiliser pour évaluer ou estimer l'impact c'est ceux qui sont réguliers à nos révisions que ce soit dans la zone anglophone ou dans les autres régions du Cameroun. À ce niveau on a eu un taux de réussite de 84% en 2024.

 

AEE : Quels sont les défis que devra relever le centre pour atteindre des objectifs plus larges afin de  maximiser son impact dans les régions anglophones ?

 

JPAB : Les premiers défis  concernent l'acquisition des équipements, la connexion internet et l'électricité dans cette partie du pays et même dans d'autres régions. Il va sans dire que dans beaucoup d'endroits du Cameroun et dans beaucoup d'établissements, il n'y a pas d'électricité. En d'autres termes, même là où il y en a, c'est relativement instable. L'autre défi important à relever concerne l'adhésion. L'adhésion des cibles que sont nos apprenants. L'adhésion des enseignants, ceux par qui la réalisation des apprentissages se passe. L'adhésion des parents. L'adhésion de toute la communauté éducative. Car certains enseignants traînent le pas et d'autres ont du mal à adhérer à ce projet.

 

 

AEE : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez sur le terrain ?

 

JPAB : Les difficultés tournent autour des défis. La première difficulté est relative aux équipements, la connexion internet dans les zones retirées. Certaines parties du pays se plaignent de ce que ce qui est produit ici ne peut pas être utilisé pour des raisons de connectivité à internet et à l'électricité. Il y a aussi le problème d’adhésion. Mais il faut  dire qu'on ne baisse pas les bras parce que le ministère s'investit à mettre à la disposition des établissements des kits de digitalisation. Notamment du solaire pour pallier à l'insuffisance de lumière. Également le manque d’ordinateurs et de vidéoprojecteurs. On appelle cela des micros clouds les utilisateurs pourront avoir ça dans un avenir très proche. Il faut également un ensemble d'équipements qui permet de stocker des ressources à diffuser et à pouvoir le faire sans nécessiter une connexion Internet.

 

 

Propos recueillis par  J. Patrick DJON

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