Les dirigeants médiatiques s'opposent à la haine tribale au Cameroun
- wilfriedfrancky
- 6 mars
- 3 min de lecture
Dans une déclaration publiée ce jeudi 6 mars 2025, les responsables de la presse mettent en avant la diversité du Cameroun, un pays riche de plus de 200 ethnies qui, depuis environ cinquante ans, s'efforcent de construire une identité nationale commune. Ils alertent sur les dangers des discours polarisants qui menacent cette unité fragile et exacerbent les tensions sociales.

Face à cette montée de la haine, la presse se doit de réagir avec responsabilité, tout comme les autorités qui doivent assumer leur rôle. En laissant prospérer des discours de haine, les journalistes compromettent leur déontologie, tandis que les gouvernements favorisent un climat propice à la désunion.
La question de savoir à qui profite cette dynamique néfaste est légitime, alors que l'on assiste à une multiplication de discours tribalistes, stigmatisants, et haineux dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ces discours sont souvent proférés de manière désinhibée lors de forums en ligne ou d'émissions télévisées, où des compatriotes prennent plaisir à juger et condamner des ethnies entières en raison des actes d'individus.
Le tribalisation des débats politiques et sociaux constitue une menace évidente, car elle engendre le rejet et la méfiance envers autrui, présentant les non-membres du groupe comme des ennemis. Ces discours mettent en péril la cohésion sociale dans une nation déjà fragile.
La Charte d’éthique mondiale des journalistes de la FIJ rappelle l'importance d'une information responsable, visant à ne pas alimenter les préjugés ou la haine. Pourtant, de nombreux journalistes camerounais semblent ignorer ces principes fondamentaux.
L'UNESCO définit le discours de haine comme toute communication ou comportement visant à discriminer ou à dénigrer une personne ou un groupe en raison de leur identité. Malheureusement, ce que l'on observe dans les médias camerounais est une prolifération de contenus haineux et discriminatoires.
Il est préoccupant de voir que ces discours émanent souvent d'intellectuels et de leaders d'opinion, dont on s'attendrait à ce qu'ils défendent des valeurs de respect et de tolérance. Les discours de haine continuent de se propager sans réelles conséquences, renforçant ainsi un climat d'impunité.
Au-delà de l'éducation, il est évident que cette impunité favorise la prolifération de ces discours destructeurs. Pourtant, le Code pénal camerounais prévoit des sanctions sévères pour ceux qui incitent à la violence à caractère tribal ou ethnique. La liberté d'expression ne doit pas se traduire par la liberté de propager la haine.
Des peines d'emprisonnement allant jusqu'à deux ans et des amendes significatives sont prévues pour les infractions liées aux discours de haine, des peines qui doublent si l'auteur est un fonctionnaire, un homme politique ou un journaliste.
Il est déplorable de constater que ces discours haineux émanent souvent de personnes que l'on considérait comme responsables. De nombreux exemples montrent comment des mots ont pu conduire à des violences tragiques, et les médias doivent prendre conscience des dangers de leurs paroles.

Les prochaines élections présidentielles ne doivent pas nous diviser. L'enjeu est trop important pour céder à la tentation de la haine, d'autant plus que nous savons qu'il n'y aura qu'un seul vainqueur et de nombreux déçus.
Il est impératif que la presse se ressaisisse et que l'État prenne ses responsabilités pour contrer cette vague de haine qui menace l'harmonie nationale.
François BAMBOU, Directeur de publication de Défis Actuels et président de ONE NATION, Association pour l’élimination du tribalisme et la promotion du vivre-ensemble
Georges Alain BOYOMO, Directeur de publication, MUTATIONS
Séverin TCHOUNKEU, Directeur de Publication, La Nouvelle Expression, PDG Équinoxe TV,
HAMAN MANA, Président de la fédération des éditeurs de presse du cameroun (Fedipresse), Directeur de Publication, Le Jour
Guibaï GATAMA, Directeur de publication, L’Œil du Sahel
Émile FIDIECK, Directeur de publication, EcoMatin
Christian NGAH, Directeur de Publication, The Guardian Post
Chantal NGA, Directrice de Publication, Ladies News
Valentin Siméon ZINGA, Directeur de publication, Lignes d’Horizons, président de l’association Médias, Médiations et Citoyenneté
Nancy FAWOH, Directrice de Publication, Le Gideon
Yerima KINI NSOM, Directeur de publication, The Post
Randy Joe SA’AH, The Daily Voice
Thierry NDONG OWONA, Directeur de publication, Intégration
Jean François CHANNON, Directeur de Publication, Le Messager
Michel Eclador PECKOUA, Directeur de publication, Ouest Échos
François MBOKE, Directeur de publication, Diapason, Président du Réseau des patrons de presse
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