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Cosmétiques au romarin

Mamadou Mota sur les Coups d’Etat en Afrique :« Le sang ne coule pas à la table des négociations »


​Afin de comprendre la situation historique actuelle que traverse le Cameroun et l’ensemble des pays africains, L’Afrique en Eveil a interrogé Mamadou Mota, vice-président du MRC, un des principaux partis d’opposition au Cameroun. Il pose un regard neuf sur la récente flambée des Coups d’Etat que vient de connaître la Guinée, le Mali, le Burkina Faso, et plus récemment encore le Gabon. Il suggère et fait des propositions en vue de réduire les conflictualités qui assaillent l’Afrique


MAMADOU MOTA

Vice-Président du MRC

Question : Monsieur le Vice-Président du MRC, quelle lecture faites-vous des différents évènements que traversent notre continent en ce moment, manifestés par une avalanche de Coups d’État, dans de nombreux pays ?

Réponse : Le contexte politique actuel de l’Afrique est très marqué par des prises de pouvoir anticonstitutionnelles et des confiscations de toute issue démocratique dans la plupart des pays surtout en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Cette situation a pour soubassement, la dictature implémentée par des produits issus directement du colonialisme qui ont été pendant longtemps soutenus par ces mêmes colons. 60 ans après nos indépendances, nos dirigeants ont opté pour une protection par des forces étrangères au détriment de notre bienêtre et de notre souveraineté.

Dans la volée des réveils de conscience, j’ai envie de dire qu’on s’est trompé de cible et un sentiment de rejet des alliés d’hier et même de l’ONU est né. C’est regrettable et c’est ulcérant de voir des pays qui ont existé grâce aux principes qui sous-tendent l’ONU, le chasser aujourd’hui et brandir fièrement des alliances avec des pays aux gouvernances peu recommandables, qui empoisonnent les opposants, et agressent d’autres nations. Cette situation renvoie exactement aux heures sombres de l’impérialisme. La diplomatie est une guérilla, il nous appartient de nous imposer sur la scène internationale comme une puissance et non subir la puissance des autres nations

Question : Quelle appréciation portez-vous sur le Coup d’Etat ayant eu lieu au Gabon le 30 août dernier ?

Réponse : Un Coup d’Etat est un Coup d’Etat. Pour moi, je ne peux donner un visage humain à tout ce qui arrache au peuple sa souveraineté. Le contexte n’est différent en rien, des Coups d’États en Afrique de l’Ouest, que tentent de justifier certains commentateurs. Ils ont en commun, un soubassement empreint de confiscation de pouvoir par les hommes politiques au pouvoir et leur famille. Une oligarchie qui a mis à l’écart le peuple, pour qui elle devrait travailler. Ces oligarchies ne se sentaient plus redevables de quoique ce soit.

Ali Bongo n’a pas gagné des élections au Gabon depuis 10 ans. Il a été maintenu au pouvoir d’abord avec l’appui de la France et d’une violente répression perpétrée par la même armée qui veut jouer le Robin des bois. Pour être Républicaine, que l’armée remette le pouvoir à celui qui a légitiment gagné. L’Afrique centrale est le laboratoire de la dictature mondiale avec l’expérimentation réussie de la transmission monarchique du pouvoir et c’est aux jeunes générations de se dresser contre ces contre-valeurs dans un monde civilisé

Question : D’après-vous, y a-t-il une relation entre cette avalanche de Coups d’Etat et les droits de l’homme dans les différents pays concernés ?

Réponse : Évidement que oui, aucun des pays où le Coup d’Etat a été perpétré ne respecte les droits élémentaires qui sous-tendent les libertés humaines. Tous ces pays affament leur peuple et c’est le droit de l’homme le plus massivement et cyniquement bafoué.

Question : Les questions de gouvernance sont-elles également en cause ?

Réponse : Les questions de gouvernance sont primordiales. La gestion de nos Etats renvoie à la gestion des épiceries familiales sans traçabilité, sans redevabilité et un cafouillage de rôles est présent partout ; confusion entre les biens publics et privés. Vous entendez au Cameroun :« don du chef de l’Etat «. C’est une communication à dessein, pour entraver la bonne gouvernance.

Question : Quelle leçon devrait pouvoir tirer les autorités camerounaises du récent Coup d’Etat au Gabon ?

Réponse : Le pouvoir au Cameroun est malheureusement aveuglé par un orgueil démesuré, qui le rend sourd devant les emballements actuels de notre temps. Si en 40 ans ils n’ont pas pu sortir les Camerounais de la faim, est-ce c’est se séparer d’un pouvoir qu’ils confisquent arbitrairement et qui nourrit leur train de vie princier qu’ils entrevoiront de céder ? Non !! Aucune oligarchie n’a cédé le pouvoir et ses privilèges sans lutte et sans pression du peuple. C’est plutôt au peuple camerounais de capitaliser les expériences des Gabonais

Regarder le dernier recrutement à la police avec un accent très régionaliste et au mépris des valeurs qui fondent la République. C’est pour un seul objectif : préparer la répression au cas où… Mais le peuple a affronté des chars les mains nues dans l’histoire de l’humanité ; exposant ainsi la vulnérabilité de cette machine à tuer.

Question : Quelles actions devraient mettre en place les gouvernements au pouvoir en Afrique pour éviter justement les Coups d’Etat en cascade ?

Réponse : Éviter les Coups d’Etat, c’est promouvoir les libertés institutionnelles et promouvoir les libertés humaines dont celles d’avoir accès à un bien-être et à une alimentation équilibrée.


Question : Pensez-vous que les organisations sous-régionales telles la CEDEAO, la CEEAC, l’UA, soient suffisamment compétentes pour faire face aux Coups d’Etat en Afrique ?

Réponse : Elles sont devenues des croix- rouges des dictateurs. Il faut reformer ces institutions en profondeur et créer des parlements qui doivent comprendre non seulement des hommes politiques mais des hommes de la société civile. Il y a urgence !

Question : Comment faire pour renforcer ces organisations sous-régionales dans la gestion des crises en général et des Coups d’Etat en particulier ?

Réponse : Éviter le financement de ces institutions par l’extérieur ainsi que l’interventionnisme des puissances étrangères dans ses actions ;

- Renforcer le pouvoir institutionnel de ces organisations car elles sont sous les ailes des chefs d’Etats parfois peu fréquentables qui ont fait 40 ans au pouvoir ;

- Disposer des mécanismes de prévention de crises ainsi que de gestion post-crise avec des moyens conséquent,

- Promouvoir la démocratie ;

Question : En définitive, dans les conditions actuelles du processus historique de l’Afrique, les populations et leurs dirigeants sont-ils obligés de résoudre les différents susceptibles de survenir entre eux par des Coups d’Etat ?

Réponse : Non. Le sang ne coule pas à la table des négociations.










Mamadou Yacouba Mota est un homme politique camerounais et vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun

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