Cette description de la marche du Cameroun sous le prisme de la communication, est un diagnostic fait par un homme de l'ombre qui parle d'un vécu et propose des alternatives dans le domaine qu'il a pratiqué toute une vie.
Cet ouvrage fait l'autopsie d'une pratique très camerounaise appelée « tolérance administrative » dans un domaine où tout retard de paie cash. La volonté politique semble saine mais le problème demeure entier car entre les discours du politique et les agissements de ceux qui sont chargés de les implémenter, le fossé est bien grand car comment comprendre que la nouvelle loi sur la communication en général qui parle de licences, d'agréments et autres date de 2015 et à ce jour, attend encore son décret d'application. Les seules chaînes qui se prévalent d'avoir une licence délivrée en 2008 et renouvelable tous les 10 ans sont toutes « hors jeu » car la loi de 2015 est venue améliorer le corpus juridique sans jamais arriver à son terme car le texte d'application reste toujours attendu. L'auteur, l'un des pionniers de la maison Crtv télé car étant parmi les 16 premiers ingénieurs recrutés pour lancer la chaîne nationale à capitaux publics, sera promu plus tard au ministère de la communication au service des demandes de licences audiovisuelles.
C'est avec sa première parution littéraire intitulée «Management de l'audiovisuel et de la communication cybernétique au Cameroun: la longue marche vers l'assomption, d'une vision depuis 1990» éditée et publiée aux éditions Afrédit SA dont la sortie était ce 25 juillet à Yaoundé, que l’auteur Alain Koe Voundi s'est présenté devant la presse. Consultant depuis son départ la retraite en 2013, l’auteur a fait le choix de ne pas se taire pour plaire, mais de faire l'autopsie d'un système vu de l'intérieur, lui l'ancien collègue qui a servi sous plusieurs ministres de la communication. Disais-je, il a fait le choix (un mea culpa) de proposer au pays des pistes de solutions qui lui semblent plausibles et constructives, malgré le vent de libertés intervenu dans les années 1990 après celui au sommet de l'état depuis 1982, nos dirigeants semblent « formater » dans l'exercice de leurs fonctions par une autocensure ou autres raisons, ce qui a motivé l'auteur à faire œuvre utile pour la postérité, en proposant cet ouvrage de 225 pages sur le fonctionnement d'un secteur en perpétuelle mutation; dans une démarche littéraire dont la préface porte la signature du Pr. Viviane Ondoua Biwole, une autre figure poignante bien connue du paysage qui émet un souhait à elle, «que cette revue passablement historique du management de l'État du Cameroun, enrichisse le présent et féconde l'avenir ».
Subdivisé en deux grandes parties, la première évoque le management en trois chapitres alors que la seconde évoque les risques et les perspectives dans le management de ce secteur avec des exemples tirés de son vécu. Ce premier essai littéraire laisse libre court à une pensée sur le management de l'audiovisuel et de la communication cybernétique au Cameroun qui évolue dans un désordre organisé sous le fallacieux prétexte de la tolérance administrative, avec unmanque de concession dans le pays depuis 2015, aucune licence signée depuis 2015 (les premières et seules licences d'exploitation délivrées en 2008 sont toutes devenues caduques car renouvelable après 10 ans) mais la loi revue et corrigée de 2015 est toujours orpheline de son décret d’application.
Au-delà des manquements relevés dans le management de l'audiovisuel de la communication cybernétique au Cameroun depuis 34 ans déjà, l'auteur propose dans les colonnes de cet ouvrage des pistes de sortie de ce naufrage collectif qui passe par le changement de la manière de former l'élite; un plaidoyer pour une meilleure organisation du secteur des médias par l'État avec l'avènement du numérique; la professionnalisation et la capitalisation de la publicité; la restructuration générale de la radiodiffusion et la transition vers le numérique; la stratégie nationale de développement des TIC.
Le monde étant devant un village planétaire, l’auteur évoque des thématiques qui s'adressent à un public large, les professionnels des TIC, les dirigeants socio-politiques administratifs, les étudiants. Le tout récent cas de la connexion internet avec StarLink en est une parfaite illustration d’un service national incapable de s'arrimer à l'évolution du temps et les initiatives privées se voient ainsi plomber par une administration qui réagit au lieu d'agir. Le monde est à l'action car la réaction vient toujours avec un peu de retard.
Clément Noumsi
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