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Cosmétiques au romarin

Présidentielles 2024 au Tchad ELECTIONS OU MISE EN SCENE POLITIQUE ?


Les élections présidentielles qui ont lieu au Tchad ce 6 mai 2014 sont quelque peu particulières. Elles se déroulent entre 10 candidats écrémés par le Conseil Constitutionnel. Mais surtout, elles opposent le Président de la République le Général Mahamat Idriss Deby Itno (MIDI), Président de la Transition, en poste, et le Premier Ministre Succès Masra, nommé il y a seulement 6 (six) mois par le Président de la Transition, lui-aussi en poste. C’est dire que les deux principaux candidats sont soudés par les liens de leurs hautes fonctions gouvernementales respectives, ce qui fait croire à plusieurs Tchadiens que les dés sont pipés. Certains observateurs y voient une mise en scène politique.



Si le Conseil Constitutionnel a autorisé 10 (dix) candidats à concourir, il faut souligner qu’une curiosité saute à l’œil. Le Président de la Transition Mahamat Idriss Deby Itno, est candidat, tout comme le Premier Ministre Succès Masra Tous deux sont aux affaires, et personne n’a démissionné pour se mettre en réserve de la République, le temps de l’élection. Mahamat Idriss Deby et Succès Masras étaient à couteaux tirés il n’y a pas si longtemps, après qu’une déferlante féroce de l’armée, se soit abattue sur des manifestations organisées par des partis d’opposition le 20 octobre 2022.

Cette date coïncidait avec la promesse faite par le Comité Militaire de Transition, de restituer le pouvoir à un gouvernement civil. L’occasion était trop belle pour les militaires, de se taillader les manifestants. On dénombra à travers le pays, au moins 300 morts, la plupart de temps tués par balles et l’arrestation d’environ 500 manifestants. La quasi-totalité du staff dirigeant du parti « les transformateurs » ainsi qu’une kyrielle d’autres opposants, durent quitter le Tchad. Beaucoup vivent encore en exil. Succès Masras s’est alors exilé en France.


L’accord de Kinshasa : blanc-seing pour l’impunité ?


Après un exil d’environ un an, Succès Masras est revenu au Tchad cette fois, comme Premier Ministre, suite aux accords dits de Kinshasa. Supervisé par le Président Congolais Félix Tshisékédi, mandaté par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale, l’accord prévoit une loi d’amnistie générale pour tous les acteurs, civils et militaires, impliqués dans les évènements du 20 octobre 2022.


De son côté, le parti « les transformateurs », s’engage à continuer le dialogue avec le gouvernement, en vue d’une solution globale pacifique impliquant tous les acteurs non inclus dans le processus de transition. En plus, le Président de ce parti, s’engage à œuvrer dans le sens de privilégier les actions facilitant le retour à l’ordre constitutionnel dans un délai imparti. Le parti « les transformateurs » s’engage enfin à respecter les lois et libertés fondamentales garanties par l’ordonnancement juridique du Tchad et à œuvrer pour l’unité nationale.


Cet accord politique ne fait pourtant pas l’unanimité au sein de l’opposition tchadienne Selon Théophile MadjitoloumYombombé, Président de l'Union des Travailleurs Progressistes pour la Cohésion (UTPC) cité par le site d’information Africa News, la partie gouvernementale qui a contribué directement ou indirectement aux massacres des jeunes tchadiens, doit répondre de leurs actes.



Pour le politologue Evariste Ngarlem Toldé, cité par le même site d’informations, le compromis de l’amnistie, trouvé entre le pouvoir de transition et « les transformateurs », ne peut empêcher les poursuites internationales. Pour cet observateur,« on peut estimer que c'est un accord qui n'engage que le président « des transformateurs » et le gouvernement, mais qui n'absout pas le gouvernement de certaines obligations. Demain, peut-être que les militaires tchadiens répondront de certains de leurs actes devant la Cour Pénale Internationale », affirme-t-il.


Pour Joel Djastadom, cité par le site d’information de la Deutsche Welle qui a perdu son neveu lors de ces évènements : « un accord de paix c'est bien, mais il ne peut pas y avoir la paix sans la justice. J'attends jusque-là que justice soit rendue à mon neveu qui a été tué lors de ces évènements. Dire que c'est bon, on amnistie les coupables au nom de la paix, moi je pense que c'est une bêtise. Succès Masra a commis une erreur politique très grave »'.

Le 4 mai dernier marquait le dernier jour de la campagne électorale, ponctué par les derniers meetings et consignes de vote. Le candidat de la « Coalition pour un Tchad Uni » et actuel Président de transition, Mahamat Idriss Déby Itno, a rassemblé ses partisans à la Place de la Nation de N’Djamena. Face à ses partisans issus de 227 partis politiques, il s’est dit confiant en sa victoire dès le 1er tour, mettant en avant son bilan durant la transition et ses projets futurs. Quant à son principal adversaire, Dr Succès Masra, candidat de la coalition « Justice-Egalité » et actuel Premier Ministre, il a organisé son meeting de clôture à l’hippodrome de N’Djamena, promettant un « Tchad de dignité pour tous ».


Caution du pouvoir et simple alibi démocratique ?


Ces élections rappellent aux Tchadiens, les pratiques politiques de récupération éculées dans le pays, depuis fort longtemps. La plupart des observateurs font le parallèle entre la Présidence de Idriss Deby Itno père, d’avec le Premier Ministre Saleh Kebzabo et son successeur actuel Mahamat Idriss Deby et Succès Masra. Tous ces Premiers Ministres ne servent que d’alibi, voire de caution démocratique à un régime autocratique, qui aura du mal à se démocratiser.

On en veut pour preuve que la controverse autour de l’Agence Nationale de Gestion des Elections (ANGE). Ultra dominé par les membres du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), parti de Mahamat Déby, il a émis récemment un communiqué interdisant de filmer les Procès-verbaux issus du vote des Présidentielles.


Par ailleurs, cet ANGE refuse l’affichage des résultats du scrutin dans les bureaux de vote.

Autant dire que les jeux sont faits. Succès Masras joue certainement sa survie politique et celle de son parti, cependant que les populations tchadiennes, prises au piège de sa versions politiques sibyllines, attendront encore très longtemps pour bénéficier des fruits d’une véritable transition démocratique.


TIENTCHEU KAMENI Maurice

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