Accaparement despotique du pouvoir, saillie permanente contre l’opposition, menaces sur la liberté d’expression, défiance vis-à-vis des ONG des droits de l’homme, intimidations récurrentes des médias indépendants, interdiction des coalitions…
Paul Atanga Nji apparait comme un phénomène politique hors normes, à contrario du cheminement de l’histoire. Une sorte de curiosité épistémologique, qui interroge et intrigue. Un être qui aime à animer les mélodrames, à tendre des pièges, à discréditer et à guerroyer, surtout lorsqu’il a en face de lui, l’opposition ou des structures apparentées. Pour lui, la politique est un ring, une corrida où ne doit vivre que le taureau ou le matador. Avec lui, pas de dialogue possible ou de répit. Il faut absolument tout faire, pour le maintien de son champion au pouvoir. Tout faire, y compris n’importe quoi.
Usant et abusant des prérogatives de ses fonctions, il émet des réserves lorsqu’il n’interdit pas simplement tout ce qui vient de l’opposition. Statuant parfois à la place d’autres ministères, il accapare des fonctionnalités dévolues tantôt au ministère des finances comme ce fut le cas avec l’initiative Cameroon Survival de Maurice Kamto, ou au ministère de la communication. D’où sa demande persistante formulée à l’endroit du gouverneur du Littoral, le 11 novembre 2022, afin que ce dernier prenne des mesures énergiques contre Equinoxe Télévision, un journaliste et un panéliste, pour avoir « offensé » le chef de l’Etat, au cours d’une discussion autour d’un plateau de télévision. Usant de son verbe haut et se trémoussant sur l’estrade des menaces, de la contrainte, il fait fi des conformités et des normes sociales, en utilisant des expressions peu amènes, dès lors qu’il a affaire à des personnalités qui ne partagent pas la même idéologie ou simplement la même opinion que lui.
Fier de s’installer sans fioritures au balcon des aises du dénigrement, il en vient à semer la zizanie au sein des partis d’opposition. Profitant de la tutelle qu’il exerce sur les associations et partis politiques, il éructe de plaisir, dans les chambardements qu’il n’a de cesse de créer et de soutenir. Entre grenouillages et intrigues, il aime à injecter du venin au sein des formations politiques de l’opposition. Se jouant de leurs dirigeants, faisant contrôler tel ou tel pan de l’association par des thuriféraires par lui tout désignés, il aime à créer des doubles identités. Bombant son torse, il détrousse les légitimaires et désigne qui il veut, à la tête de diverses organisations politiques. Il tente de les régenter à distance, à coups de décisions, de communiqués, de notes, ou de circulaires.
Voici venue l’heure de l’élection présidentielle et revoici donc Paul Atanga Nji dans son rôle favori de dynamiteur de l’opposition. Usant de faux prétextes, il en vient à faire croire à l’opinion médusée, que les coalitions politiques sont soudain devenues illégales. Que faisait donc le G20 lors de l’élection présidentielle de 2018 ? Cette coalition qui soutint Paul Biya au point de hisser Momo Jean de Dieu sur son piédestal de ministre délégué à la justice ? Etait-elle aussi illégale ?
Par ailleurs, quelques groupuscules, depuis belle lurette, écument le pays, tenant meeting et réunions, se prévalant du « Frankisme », du « Ngoh Ngohisme » ou encore le « DYNAREP » lancé à Monatélé le 24 Mars dernier sans une once de document afférent à quelque légalité que ce soit. Ces derniers tiennent pourtant le haut du pavé, y compris dans des fora médiatiques, sans faire broncher Atanga Nji.
La légalité des associations politiques serait-elle à tête chercheuse ? A géométrie variable ? La légalité des coalitions politiques serait-elle sujette à caution, alors même qu’elle est constituée de organisations politiques toutes légales ?
Avec Paul Atanga Nji, nous entrons désormais de plein pied, dans une zone de turbulence nimbée d’une atmosphère délétère, constituée de pièges et de chausse-trappes. Une zone de liberté enchaînée, de liberté cloîtrée par des formes d’allégeances sans noms. Une tyrannie chloroformée dans les antres des structures étatiques dénaturées, pétrifiées par la crainte permanente de leurs manipulateurs, de perdre des privilèges et autres passe-droits. S’installe alors une tyrannie jouissive, qui éructe de ses contrariétés, dans ses formes les plus dangereuses, au mépris de la cohésion nationale et de la tranquillité publique. Une tyrannie qui suscite des amalgames rageurs, maitres de l’illusionnisme. Une tyrannie qui illumine la voracité de ses ogres. Ces derniers du reste, vivent dans un luxe impertinent, sans jamais céder quoi que ce soit de positif, au peuple affamé, qu’ils prétendent servir. Aussi, ce peuple est-il, presque toujours sous l’influence d’un chantage à un musèlement permanent. Alors se pose la question de savoir pendant combien de temps il continuera de marcher le couteau au cou.
TIENTCHEU KAMENI Maurice
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