Depuis que le football existe dans notre pays, aucun joueur professionnel ou non, n’avait jamais autant marqué de son empreinte, les esprits, tant par ses actions que par les controverses suscitées autour de celui-ci.
La confrontation qui perdure entre Samuel Eto’o Fils et le Ministère de Tutelle, sonne aux oreilles du peuple, comme une ode à la rupture d’avec les accointances vis-à-vis d’un régime, dont le bilan en demi-teinte, ne donne plus guère d’espoir à la majorité des Camerounais. Les sinuosités d’une telle confrontalité, n’ont pas encore dit leurs derniers mots, d’autant que le feuilleton MINESEP/FECAFOOT, ne fait à vrai dire, que commencer. Compte tenu des lignes de fractures qui parcourent l’opinion, de même que des résurgences de lutte de pouvoir feutrées au sein du régime en place, l’on est bien parti pour qu’une telle confrontation persiste. Tapis au cœur du système, certains tirent les ficelles dans l’ombre, cependant que d’autres se pourlèchent les babines, attendant que les carottes soient cuites, pour enfin abattre leurs propres cartes. Le football est ainsi devenu une tarte à la crème, qui attire bien des ambitions, dans un pays largement marqué par la pauvreté d’esprit des élites, et une pauvreté matérielle bien visible des classes populaires.
Dans ces conditions, le football devient ainsi, le seul baromètre à l’aune duquel l’on puisse juger de la visibilité ou non, d’un pouvoir qui a échoué dans presque tous les autres domaines de la vie sociale et économique. Accroché à cette bouée tel un naufragé en déperdition, le régime tente de s’en accaparer coûte que vaille, pour s’y donner une quelconque légitimité. Sauf que cette fois, à contrario des fortunes précédentes, il rencontre quelques divergences, d’avec un poulain naguère qualifié de sûr. C’est la raison pour laquelle, certains au sein du régime, crient à la trahison…. D’où la sortie de Samuel Eto’o fils le 14 juin dernier, sur sa page Instagram, où il clame haut et fort qu’il n’est pas candidat à l’élection présidentielle de 2025. Il réitère à ce propos, que : « la Présidence de la FECAFOOT n'est pas un tremplin pour accéder à la Présidence de la République ».
Pas sûre qu’une telle sortie puisse rassurer les hiérarques du régime, pour qui la seule devise qui vaille la peine, c’est le pouvoir pour le pouvoir, et le pouvoir à tout prix. Eto’o fils s’est d’ailleurs offusqué dans son post sur Instagram, contre cette « diffamation » qui veut « l’abattre », ou encore contre la « mauvaise foi qui l’accable ». Il affirme en outre que la rumeur sur ses ambitions présidentielles fait souffrir sa famille, fait peur à ses amis, et entrave son projet sportif. Il assure qu’elle fait peser une menace sur sa sécurité. Eto’o fils serait-il l’objet d’intimidations du fait de ses prétendues ambitions politiques ? Si oui par qui ? Pourquoi Eto’o fils ne pourrait-il être candidat à une élection présidentielle fut-elle celle à venir de 2025 ? N’est-il pas citoyen camerounais autant que d’autres Camerounais qui pourraient prétendre à un tel poste ?
En réalité, la sortie de Samuel Eto’o fils sur Instagram, loin de dissiper tout malentendu, suscite plus d’interrogations et posent plus de questionnements qu’elle n’en résout. Elle démontre à suffisance quelques pratiques maffieuses du régime, où intimidations, menaces, et chantages, feraient bon ménage, dès lors qu’il s’agit de la magistrature suprême du pays.
Elle dénote du fait que la confiscation à l’extrême, que certains pontes du régime font de ce poste, n’est pas près de s’achever.
La sortie de Samuel Eto’o Fils, démontre que la prétention démocratique dans notre pays, est une esbroufe permanente et que le parcours pour y arriver, s’il n’est pas un leurre, demeure en tous cas, une vraie gageure. Elle indique le fait que dans notre pays le Cameroun, les abus ne sont guère réservés qu’à une classe sociale pauvre et malodorante, mais aussi à tout individu, quel que soit son rang et les services rendus par ce dernier à la nation. Elle démontre que la prétention démocratique au Cameroun, n’est pas un long fleuve tranquille. Cette prétention est constituée de flots dominés par des cascades, des chutes et des coups bas qui, à l’orée de l’élection présidentielle 2025, ne se cachent plus pour s’exprimer.
Le post d’Eto’o fils dénote de l’ensauvagement dont parle si bien Achille Mbembe, comme étant consubstantiel des praxis du pouvoir, dans une féroce volonté de se perpétuer à lui-même, envers et contre tout. Il indexe les canaux paroxystiques, du catapultage des énergies positives, qui pourraient se créer à l’orée de cette élection qui, pour la majorité du peuple, devrait constituer un grand moment de rupture. Dans le même temps, cette sortie de Samuel Eto’o, présage de ce que les chemins de la liberté ne seront jamais grands ouverts, à moins que le peuple, le moment venu, en vienne à décider autrement.
TIENTCHEU KAMENI Maurice
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