Les perturbation observées ces derniers temps dans le circuit d’approvisionnement des produits pétroliers au Cameroun, à en croire certains experts serait en réalité dû à l’incapacité de l’Etat à financer les importations des carburants.
Depuis le début du mois de décembre, le Cameroun traverse une crise d’approvisionnement en produit pétroliers, notamment du carburant de type super. Une pénurie finalement arrivée, alors même qu’il y a de cela quelques semaines, la société camerounaise des Dépôts pétroliers(SCDP) rassurait quant à la disponibilité des stocks desdits produits dans leurs différents lieux d’entreposages. Véronique Moampea Mbioallant même jusqu’à affirmer dans un communiqué daté du 29 novembre 2023 que les rumeurs qui annonçaient déjà en ce temps une pénurie de carburants relevait d’une information tronquée de nature à discréditer aux yeux des consommateurs, la structure camerounaise en charge entre autres du stockage et de la distribution des produits pétroliers dont elle est le top manager.
En dépit de ces assurances, la situation tant redoutée par les consommateurs est finalement arrivée. Depuis le 11 décembre dernier, les populations des villes de Yaoundé, Douala et Bafoussam vivent au rythme de la raréfaction du super dans les stations-services. Dans ces lieux de vente des produits pétroliers, jusqu’au moment où nous mettons sous presse ce magazine, c’est à des véritables scènes de chaos qu’on assiste. Motos, véhicules et populations avec des jerricanes en main se bousculent en attente du précieux liquide qui se fait de plus en plus désiré. Et le comble de cette situation étant la marche à pied qu’elle impose aux populations qui ont de la peine à vaquer normalement à leurs occupations, plombant ainsi par ricochet toute l’activité économique.
Le 11 décembre 2023, dans un communiqué, Gaston Eloundou Essomba, le ministre camerounais en charge de l’Eau et de l’Energie a fait savoir à l’opinion publique que la perturbation observée dans le circuit d’approvisionnement des principales villes du Cameroun a « pour principale cause le retard dans l’arrivée de trois navires transportant ledit produit, dû aux conditions météo-océanologiques défavorables qui ont interrompu les chargements ship-to-ship desdits navires pendant quatre jours au hub de Lomé(Togo) ».
Pour beaucoup, le gouvernement à travers cette autre explication tente juste de « camoufler » la réalité. Le problème est ailleurs. L’Etat n’a plus suffisamment de moyens pour assurer les importations des carburants sur l’ensemble du territoire national, privant ainsi les populations d’un produit primordial pour l’économie. Certains vont jusqu’à affirmer que la pénurie de ces derniers jours serait dû au fait qu’un « prestataire » a décidé de ne plus livrer son carburant à l’Etat pour lui mettre la pression de payer ses dettes antérieures. Des chiffres atteignant des centaines de milliards sont même prononcés. « Au passage, Total Energie et Tradex réclament aujourd’hui à l’Etat, plus de 200 milliards », affirme même une source.
Pour rappel, depuis l’incendie de la Société nationale de Raffinage, le Cameroun importe tous les carburants consommés. Pour l’année en cours « un volume global de 1,6 million de m3 tous produits confondus a été commandé et un volume de 1,36 tonnes métrique a été livré au mois d’octobre 2023 », indiquait il y a quelques temps à l’Assemblée nationale, Gaston Eloundou Essomba devant la commission des finances et du budget.
Julien Efila
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