Mis à l’index par le régime de Félix Tshisekedi, maltraité lors de son départ de l'aéroport international de Njili où il fut interdit d’accéder au salon VIP le dimanche 14 avril dernier, alors qu’il se rendait à Rome en vue de participer à la réunion du C9 (conseil des cardinaux chargé d’assister le Pape dans plusieurs projets de réforme de l’Eglise). Le Cardinal Fridolin Ambongo, Archevêque Métropolitain de Kinshasa et proche conseiller du Pape François, n’est plus en odeur de sainteté auprès des autorités politiques de son pays.
Dans la nuit du 27 au 28 avril dernier, le Procureur de la Cour de Cassation de la RDC, a demandé à ses services, l’ouverture d’une information judiciaire contre le Cardinal Ambongo Besungu, afin de l’inculper pour entre autres « propagation de faux bruits et incitations des populations à la révolte contre les institutions établies ». Cet épisode, qui a surpris plus d’un à Kinshasa, survient à la suite de nombreux couacs, cette fois par média interposé, entre le Cardinal et le pouvoir de Félix Tshisekedi. Il faut souligner que le Cardinal est de ceux-là qui ont porté à cœur, le désir de changement des populations en RDC, notamment lors des élections du 30 décembre 2018, qui contraignit Joseph Kabila à quitter le pouvoir par la petite porte. Face à une opinion publique déchainée, diligentée par les actions de l’Eglise Catholique Romaine, ce dernier, après avoir tenté maladroitement et ce à plusieurs reprises, de changer la Constitution congolaise pour se représenter pour un troisième mandat, fut contraint de lâcher bride, sous l’instigation de L’Eglise Catholique Romaine et de l’Archevêque de Kinshasa.
Marches et manifestations contre Joseph Kabila
Le prélat, ainsi que tous les évêques catholiques réunis au sein de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (Cenco), se mit en travers de cette volonté mortifère de Joseph Kabila de se perpétuer et de procéder à une confiscation du pouvoir, contre la Constitution, mais aussi et surtout, contre le gré du peuple congolais. Partout, l’Eglise Catholique Romaine qui est au Congo, fit des prêches, des marches, des nuits de prière, des boycotts, des dénonciations etc. Tout fut mis en œuvre et souvent au prix du sang versé par les protestataires, pour défier le pouvoir en place et l’obliger à tourner bride. Face à un pouvoir statufié, qui semblait imperturbable dans sa volonté de perpétuation,l’Eglise, avec le soutien du peuple du Dieu, tint bon.
Lors des élections de décembre 2018, la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), déploya sur le terrain, plus de 40 000 (quarante mille) observateurs électoraux dans tout le pays, afin de scruter les élections auprès de 75 000 bureaux de vote. L’Église congolaise avait également créé un réseau d’observation électorale citoyenne dénommée « Tous électeurs, tous observateurs ». Cet organisme citoyen, avait été mis en place par le Comité Laïc de Coordination (CLC), l’association de laïcs catholiques congolais à l’origine des marches anti-Kabila. Dans cette lancée, elle agissaiten partenariat avec des mouvements civils tels que l’Association Congolaise pour la Justice (ACAJ), la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC) et l’Observatoire de la parité (OP). Ce réseau d’observation de proximité s’était donné pour objectif, de mobiliser les électeurs pour qu’ils endossent eux-mêmes le rôle d’observateurs, et surveillent les opérations électorales, ainsi que la collecte des données du vote.
Etroite surveillance des élections
C’est donc une lame de fond menée de main de maître par l’Eglise Catholique qui est au Congo, qui amena Félix Tshisekédi au pouvoir. Certes, depuis lors, Le Cardinal et Félix Tshisékédi ne sont plus en odeur de sainteté. Quoi de plus normal ? De fait, le pouvoir éternel, le pouvoir d’intercession, n’est-il pas au-dessus du pouvoir factuel et temporel des hommes ? Les hommes de Dieu ne devraient-ils pas constituer des espèces de gardiens du temple du peuple de Dieu que constitue l’Eglise et les populations en particulier ? Là est toute la problématique que pose la juxtaposition du pouvoir éternel et du pouvoir temporel, l’un croyant détenir l’ascendant, voir un pouvoir de régulation sur l’autre.
Toujours est-il que le bras de fer entre L’Eglise Catholique qui est au Congo et le pouvoir de Félix Tshisekedi ne fait que commencer et l’on scrute déjà l’horizon, pour savoir jusqu’où mèneront les mesures de rétorsion empruntées par Kinshasa pour faire taire le Cardinal.
TIENTCHEU KAMENI Maurice
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