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Cosmétiques au romarin

Religion: croisade contre les Eglises illégales

Dans la capitale et d'autres villes du Cameroun, la fermeture des lieux de culte de fortune reflète la détermination des autorités à réguler l'économie de la foi.

Depuis le 23 février 2025, l’arrondissement de Yaoundé IV connaît une vague de fermetures d’églises jugées illégales. Entre prêches tonitruants, exorcismes improvisés et complaintes des fidèles, l’opération menée par les autorités administratives, fait couler beaucoup d’encre et de salive. Dans certains quartiers comme Ekounou, Nkolbisson ou Melen, des fidèles hagards se sont réveillés devant des portes scellées ; leurs pasteurs préférés introuvables. Le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a rappelé avec fermeté que « seul le président Paul Biya a la prérogative d'autoriser le fonctionnement d'une Eglise dans le pays ». I

l a également souligné que de nombreuses Eglises opèrent sans licence et reçoivent des financements de sources douteuses, ce qui pose des problèmes de sécurité et de moralité publique. Cette déclaration fait écho à une conférence de presse tenue en décembre 2024, au cours de laquelle le ministre avait déjà exprimé son inquiétude face à la prolifération des Eglises non enregistrées. Le sous-préfet de Yaoundé IV assure que seules les congrégations sans existence légale sont concernées. « Il ne s’agit pas de s’attaquer à la foi, mais de réguler un secteur devenu anarchique », a-t-il précisé.


La situation est particulièrement préoccupante à Yaoundé où, selon des sources, plus de 500 Eglises fonctionnent en toute illégalité, perturbant la quiétude des riverains par des activités bruyantes et incessantes. Les autorités locales, en réponse aux plaintes récurrentes des habitants, ont intensifié les contrôles et les fermetures de ces lieux de culte non conformes. Par exemple, dans le quartier d'Odza, deux chapelles ont été fermées pour nuisances sonores et absence d'autorisation légale. Cette campagne de régulation ne se limite pas à la capitale. Dans la sous-préfecture de Nkambe, le sous-préfet a mis en garde les Eglises opérant sans autorisation, les sommant de se conformer à la réglementation sous peine de fermeture. Il a également dénoncé l’usage abusif de haut-parleurs qui créent de l’irritation dans le voisinage.

La prolifération des Eglises non autorisées au Cameroun est un phénomène complexe, alimenté par des facteurs socio-économiques et culturels. Si la liberté de culte est un droit fondamental, son exercice doit respecter les lois en vigueur et l'ordre public. Les autorités camerounaises semblent désormais déterminées à mettre fin à la « tolérance administrative » qui prévalait jusqu'alors, en exigeant des lieux de culte qu’ils obtiennent les autorisations nécessaires pour exercer leurs activités.


Derrière ces églises illégales, un marché prospère s’était développé. La quête du miracle remplissait les caisses, et les prêches du dimanche avaient parfois des airs de collecte de fonds. Avec ces fermetures, ce sont non seulement des lieux de culte qui disparaissent, mais aussi des « emplois » de prophètes, apôtres et autres évangélistes autoproclamés.

Ce n’est pas la première fois que l’administration tente de faire le ménage dans le foisonnement religieux de la capitale. En 2013 et 2019, des campagnes similaires avaient déjà eu lieu, mais comme un phénix, les églises clandestines renaissent toujours de leurs cendres. Cette fois-ci, les autorités semblent vouloir frapper plus fort. Dans ces temples improvisés, souvent installés sous des tentes de fortune ou dans des salons réaménagés, la promesse du miracle côtoyait des pratiques pour le moins étranges. Un pasteur autoproclamé de Mvog-Betsi assurait pouvoir « ressusciter des destinées » en échange d’une modeste contribution. A Mendong, une autre église improvisée proposait des bains « purificateurs » payants dans des bassines en plastique.


Alain Leuwat

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