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Cosmétiques au romarin

Restauration: Les « tourne-dos » toujours pleins

Après le scandale de l’urine dans l’okok et bien d’autres pratiques peu orthodoxes décriées, la clientèle n’a pas diminué. A Yaoundé, les raisons varient d’un consommateur à l’autre.

 

Le scandale du repas okok assaisonné aux urines par une restauratrice au quartier Mvog-Ada, n’a pas refroidi les papilles gustatives des Camerounais. Au contraire, ils vont et mangent avec avidité dans ces restaurants bon marché couramment appelés « tourne-dos ». Le business est prospère en ces lieux qui continuent d’ailleurs d’attirer du monde. Il est 13h ce jeudi 6 mars 2025 à Nkomkana (arrondissement de Yaoundé II).

Les gargotes tournent à plein régime. Les clients se recrutent pour la plupart dans le secteur informel et le formel privé. A la vérité, ce sont des milieux réservés aux débrouillards et gagne-petit. Ici, tout le monde trouve son compte. Le prix du plat de nourriture oscille entre 500 et 700 F.Cfa, selon le menu : ndolè, pomme de terre, water fufu-eru, taro-sauce jaune, riz-sauce d’arachide, couscous-sauce gombo ou même le célèbre okok.


Selon une vendeuse, le marché se porte bien, malgré la conjoncture économique. Ses clients fidèles viennent déguster le menu du jour. La quarantaine sonnée, elle dit mener cette activité depuis une décennie. La dame peut ainsi prendre soin de sa famille. « La cuisine, lorsqu’elle est bien faite, les clients apprécient les repas, et le lendemain ils reviennent.

C’est un signe de satisfaction et de fidélité », lâche-t-elle, puis ajoute avec une mine de dépit : « On n’a pas besoin de faire des pratiques sataniques pour vendre. La santé des clients en dépend. Ce sont des femmes qui sont à la recherche effrénée de la richesse qui se jettent dans ces pratiques avilissantes et dans la vie facile. C’est déplorable. »

Henriette, une autre restauratrice, dit comprendre les craintes et l’indignation des consommateurs après la vidéo de la dame qui urinait dans l’okok. Mais elle apporte un bémol. « Moi je fais ce travail avec passion : nourrir l’humain. Personne ne s’est encore plaint. J’ai déjà nourri des générations. Mes clients me font confiance, et nous construisons notre partenariat, puisque tout le monde n’a pas les moyens pour se rendre dans les restaurants chics de la ville de Yaoundé », explique Henriette. La vendeuse conseille aux femmes de mettre l’accent « sur la propreté des lieux, sur l’accueil ; et tenir compte des disparités entre les clients. » Voilà selon ellela recette pour « trouver son compte. »


Résignation

Du coté des clients, certains déclarent que les « tourne-dos »répondent à leurs exigences. « Je viens manger ici au quotidien, je n’ai jamais eu mal. Lorsque le repas est bien fait, je mange, et je tiens aussi compte de l’hygiénique des lieux », confie Armand, abonné à une gargote au quartier Nkomkana. A la question de savoir s’il n’a pas de craintes ou des doutes sur la cuisson des repas, le jeune homme demande : « nous devons douter, mais jusqu’où, puisque les scandales dans les tourne-dos sont légions au Cameroun ? » Il rappelle alors les affaires d’arrestation réelle ou supposée de vendeuses qui proposaient de la chair humaine aux clients, des restauratrices qui mettaient dans les marmites leurs sous-vêtements ou divers gris-gris. L’ironie, selon lui, c’est que la supercherie finit par être découverte.

Il regrette par-dessus le marché le fait de mettre en péril la santé des personnes par des pratiques contre nature. « C’est Dieu qui nous protège », lâche Armand, comme par résignation. Sentencieux, il conclut : « la société camerounaise se porte mal. C’est chacun qui veut s’enrichir avant le temps. Les pratiques sataniques font leurs nids dans les restaurants de fortune, et même dans les restaurants les plus huppés. Il y a urgence d’une conscience professionnelle, de sensibiliser les femmes à persévérer, à cultiver la patience pour la préservation de la santé de tous. »


Olivier Mbessité

 

 
 
 

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