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Cosmétiques au romarin

SANTE DE PAUL BIYA : LE MELODRAME DES INSTITUTIONS TETANISEES


Depuis quelques temps, la santé du chef de l’Etat prête à confusion. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à observer le tumulte intense que déclenche les bruissements de la presse à ce sujet dans le camp du pouvoir. Pas moins d’une cinquantaine de réactions se sont faites jour, allant des plus brutales aux plus schizophréniques (parler de la santé du président est considéré comme un casus belli dixit Atanga Nji ).

Le Cameroun serait dirigé par des hommes éternels, défiant les lois biologiques et ontologiques. Le Président de la République est un démiurge omnipotent, une sorte de demi-dieu qui aurait le don de faire valser le temps à son seul profit.  Il aurait également les possibilités illimitées de faire prévaloir pour son propre compte, des vertus d’éternité. En cela, le pouvoir est divin et messianique. D’où le recours aux messes, aux séances de prière et de guérison, afin que le chef de l’Etat recouvre la santé. Tout pouvoir vient de Dieu, entend-on très souvent affirmer dans le cercle des affidés du régime, déniant ainsi au peuple, de même qu’aux institutions de l’Etat, toute prégnance sur ce pouvoir, qui se veut éthéré et permanent.

Dès lors, un tel pouvoir paraît inaccessible, distant et de ce fait, mythique. Le peuple y est toujours tenu à l’écart, invisibilisé, pour des raisons d’égocentrisme et par crainte de rendre compte. Dans la conception des affidés du régime, le pouvoir temporel est dès lors capable et doit s’éterniser, puisqu’il est issu d’une création sui generis du pouvoir éternel. Dans cette acception, il n’y a pas de place pour une organisation rationnelle des voies de transmission en cas de vacances, qui soit démocratique.

Celui qui aurait la faculté de faire acte de préhension sur le règne suprême, y compris par la roublardise, la force, ou la violence, est d’office considéré comme l’élu de Dieu. Il peut alors s’emparer du sceptre et prolonger la continuité du règne au travers du messianisme politique. Aussi, tout semble indiqué, dans le chambardement actuel, que l’on est en train de prendre des voies haineuses issues des raccourcis et des déviances qui n’auraient rien à voir avec les voies démocratiques. On parle alors de plus en plus, d’un possible gré-à-gré en cours, qui viserait à mettre en place une véritable forfaiture antidémocratique, d’où les intimidations vis-à-vis dela presse et de l’opinion publique. Une véritable mise en joue des citoyens.


La santé du chef de l’Etat est pourtant une questionimportante, qui aurait pu être résolue simplement à travers la transparence manifestée par les autorités publiques. Au lieu de cela, l’on assiste à un mélodrame, dans lequel, les réactions « villagistes » et épidermiques, le disputent aux tentatives outrées de muselage de la presse, et d’intimidations de l’opinion publique. Une telle situation débouche fatalement sur l’imprévisibilité des réactions en chaine, et une véritable cacophonie dans ce qui semble être la communication gouvernementale.

L’on constate alors qu’en la circonstance, les pouvoirs publics, depuis plus de quarante ans, n’ont jamais, songé à mettre en place, des institutions solides, capables de fonctionner sereinement par elles-mêmes. En conséquence, il n’existe aucun pare-feu efficace en matière de gestion et de transmission du pouvoir. Les voies démocratiques les plus appropriées peuvent être dès lors dévoyées, au profit de l’esbrouffe, du dilettantisme, du laisser-faire et du laisser-aller, tant que cela ne nuit guère à la volonté du Prince. Les institutions sont ainsi prises en tenaille dans les serres de quelques dignitaires, qui peuvent dès lors avec l’aide de quelques partisans, manœuvrer à leur avantage, au gré et malgré les dispositions constitutionnelles.

Dans cette frénésie de l’esbrouffe, le plus fort prend souvent tout, au détriment des valeurs républicaines fondées sur la tempérance, l’institutionnalisation de véritables pouvoirstampon, des lois et règlements qui devraient assurer des normes de succession connues de tous et jalousement respectées par des corps étatiques qui se vouent mutuellement confiance.  Cette confiance découle de la qualité des hommes qui les dirigent, la transparence qui les nourrit et la crédibilité dont ils bénéficient auprès de l’opinion publique. Il s’agit des institutions étatiques gérées par des patriotes, qui peuvent porter la contradiction au sommet, dès lors que les intérêts du peuple sont en danger.

De telles institutions existent-elles au Cameroun ? Bien malin quo pourrait y répondre.  C’est dire que dans notre pays l’avenir s’écrit désormais en pointillés, et est susceptible de s’assombrir dans les vasques obscurcies par les labyrinthes de l’incertitude.


TIENTCHEU KAMENI MAURICE

 

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